Carnets #6 : 72,03 % (2014)

COUV Carnet 6-ok

Format 24×30 cm, 48 pages, 35 photos couleur, éditions trans photographic press
Édition numérotée de 750 exemplaires (32 E)
Une édition limitée, numérotée et signée, avec un tirage original (limité à 30 exemplaires) est disponible auprès de l’auteur (120 E)

« L’ennemi est bête : il croit que c’est nous l’ennemi… » Pierre Desproges

Le 17 juin 2012, lors du deuxième tour des élections législatives la candidate du Front National obtient 72,03% des votes exprimés dans la commune des Saintes-Maries-de la mer en Camargue. Le projet de ce livre est né le lendemain, à la lecture de ces résultats. Moins de 3000 habitants résident dans cette ville de Camargue qui est à la fois une station balnéaire prisée et un lieu de pèlerinage où des gitans du monde entier se rassemblent chaque année les 24 et 25 Mai…  Pendant des décennies les photographes ont montré cette fête gitane où danse, musique et religiosité offrent un spectacle unique. Comment une ville célèbre pour l’accueil des gitans, une ville sans problèmes sociaux apparents, sans banlieue, ni quartier difficile, peut-elle voter à 72,03% pour un parti comme le Front National ? C’est en partant de cette interrogation que je suis allé sur place. Coincé au fin fond de la Camargue dans une torpeur troublée en haute saison par les seuls touristes, la ville étonne par sa blancheur immaculée. Tout est propre, régentée, organisée, la vie se déroule sous le regard des cameras de vidéo surveillance. Les interdictions fleurissent à chaque coin de rue : là pas de jeux de ballon, ici pas de vélos, de caravanes, ailleurs pas de visiteurs hormis les résidents. Petite ville close, sans graffiti, ni affiche, avec des arènes coloriées, son aménagement urbain est exemplaire d’un urbanisme d’exclusion qui se répand, notamment dans le Sud de la France. L’architecture n’est jamais innocente… Quelques femmes gitanes, diseuses de bonne aventure, surveillées du coin de l’œil par la police municipale, gravitent autour de l’église. Tolérées, elles apportent la petite touche folklorique recherchée par des touristes. En groupe, elles interpellent les passants avec une abnégation sans fin, et souvent sans illusion, pour lire les lignes de la main ou vendre un petit pendentif « porte-bonheur ». A côté, autour, partout, l’ordre et le silence règnent…

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