Frenchtown # 3 (2021)

FRENCHTOWN #3 : Saint-Brieuc (22)
Le Pas du Trem, 48 pages, 40 E
Une édition limitée avec un tirage original de l’auteur est disponible (90 E)
Une édition limitée avec deux tirages originaux de l’auteur est disponible (130 E)
(contact : jcbechet@gmail.com)

« Tout l’hiver, le ciel était bas et humide.
Couvrant le chant triste des cloches, le vent chassait parfois sur la ville le cri rauque
d’une sirène : un vapeur sortait du port et allait prendre le large… »
Louis Guilloux / La Maison du peuple (1927)

J’ai découvert Saint-Brieuc au début de l’année 2020. Le nom m’était familier, mais, dès que je suis sorti de la gare, j’ai compris que je n’étais jamais venu auparavant. Ensuite, au fil des mois, et de mes visites, je me suis aperçu que ce sentiment de fausse familiarité était partagé. Tout le monde semblait connaître la ville, mais personne ne pouvait me dire précisément s’il y avait vraiment séjourné, s’il l’avait juste traversé ou même si en réalité, il n’y avait jamais mis les pieds. Bref, j’ai vite compris que Saint-Brieuc était à la fois une ville reconnue et peu connue, une ville célèbre et anonyme…

De mon côté, dès mes premiers pas sur la passerelle surélevée de la Gare, j’ai su que la ville m’attirait. Je ne savais pas encore que j’y reviendrai régulièrement par la suite. Je ne savais pas encore si j’allais l’aimer ou m’en détacher rapidement, non ce n’était pas un coup de foudre, mais une rencontre amicale, presque confortable. A quoi tient ce sentiment ? Difficile à dire… Question de géographie, d’atmosphère, d’architecture, de lumière ; tout cela crée une alchimie un peu indéfinissable. Comme dans une rencontre humaine. Pourquoi passons-nous une bonne soirée avec quelqu’un que nous connaissons à peine et qui, a priori, n’a pas les mêmes passions que nous… et pourquoi, au contraire, nous ennuyons-nous avec ces personnes qui pourtant devraient nous être proches et avec qui nous partageons de nombreux gouts communs ? Tout cela n’est pas rationnel, quantifiable, logique et c’est tant mieux.

Pour un photographe, bien sûr, la séduction d’un lieu, ou du moins son attrait, son « charme », provient de sa qualité visuelle, une « qualité » qui n’a rien à voir avec un quelconque label touristique, ou historique, ou événementiel, non pour moi, c’est une sensation d’épaisseur, d’authenticité, de sincérité, d’histoires en suspens qui ne demandent qu’à être racontées. Il y a aussi le climat, bien sûr, et la géographie. J’ai toujours aimé les villes escarpées, où l’on monte et descend, où le regard plonge le long de rues en pente. De ce côté-là à Saint Brieuc, j’allais être servi…